AESH et PIAL : ce qu’il faut savoir
Les nouveautés et les changements, nous parents d’un enfant porteur de handicap, nous connaissons. Nous sommes les pro de l’adaptation et de la flexibilité. Avons-nous le choix ?
- Les PIAL
Depuis 2019, l’Education Nationale a mis sur le parcours scolaire de nos enfants un nouvel obstacle… oups pardon, un nouvel interlocuteur : le PIAL.
Un papa m’a récemment appelée à ce sujet : suite à un échange téléphonique de 45 secondes avec le principal du futur collège de son fils, le papa en question m’a demandé qui était ce PIAL, comment, le joindre, quel était son nom. Le principal du collège lui ayant indiqué que c’est le PIAL qui allait gérer la mutualisation de l’AESH de son fils, il a logiquement semblé à ce papa attentif qu’il fallait en savoir plus sur cette personne. Or le PIAL n’est pas une personne mais un service, un pôle.
Vous pouvez lire sur le site education.gouv la présentation officielle des PIAL. Pour une connaissance encore plus complète des PIAL, vous pouvez vous référer au vademecum.
L’Education Nationale définit ainsi les objectifs du PIAL :
« Les trois grands objectifs du Pial sont :
- un accompagnement défini au plus près des besoins de chaque élève en situation de handicap afin de développer son autonomie et de lui permettre d’acquérir les connaissances et les compétences du socle commun
- plus de réactivité et plus de flexibilité dans l’organisation de l’accompagnement humain dans les établissements scolaires et les écoles
- une professionnalisation des accompagnants et une amélioration de leurs conditions de travail »
Sur le papier, le PIAL semble somme toute plutôt logique : l’Education Nationale crée un service dédié à la mise en œuvre de l’aide humaine en classe. Ce service rassemble les besoins de plusieurs établissements. Le coordonnateur du PIAL gère les AESH, connaît les besoins des élèves et optimise la rencontre des besoins de nos enfants et des ressources.
En tant qu’association de parents, nous nous posons quelques questions :
- ces nouveaux coordonnateurs des PIAL sont-ils des nouveaux postes dotés de moyens ou bien des personnes déjà en poste sur le secteur et qui assurent des missions supplémentaires à moyens constants ?
- les coordonnateurs de PIAL seront-ils formés à la compréhension des besoins évalués par la CDAPH selon un cahier des charges national de formation ?
- quelle est la place des familles au sein de ces PIAL ?
- les PIAL vont-ils gérer les AESHm et les AESHi ? Quelle est la règle nationale à ce sujet ?
- comment feront les coordonnateurs des PIAL lorsqu’il manquera des AESH ? Les heures d’accompagnement vont-elles être diminuées afin de satisfaire tout le monde au détriment de la qualité de l’accompagnement ?
Nous avons beaucoup de questions qui, pour le moment ne trouvent pas de réponses alors qu’un territoire 100% PIAL nous est annoncé.
- AESHm et AESHi
Un peu de vocabulaire :
- AESH m : mutualisée, donc répartie sur plusieurs élèves
- AESH i : individuelle, donc dédiée à un élève sur le temps défini
- AESH co : collective sur les dispositifs ULIS
Ces trois différents types d’accompagnement sont notifiés par la MDPH.
Les notifications d’AESHm tendent à se développer très fortement. Pourquoi ?
Les arguments avancés par le ministère de l’Education Nationale sont les suivants :
- L’école inclusive repose trop souvent uniquement sur l’AESH : en diminuant la présence de l’AESH par une présence mutualisée, les enseignants seront plus investis dans l’école inclusive.
- Il y a trop d’AESH dans une même classe.
Voici ce qui s’observe sur le terrain :
- Le temps d’AESHm peut varier en fonction de besoins qui disparaissent ou apparaissent : les personnels de terrain ne sont pas en cause car ils gèrent au mieux en fonction des moyens. Un nouvel enfant avec PPS arrive sur une école, donc au sein d’une gestion par un PIAL ? Pour pouvoir l’accueillir un peu, on diminue le temps d’accompagnement des autres enfants. Les familles se retrouvent sans aucun recours, puisqu’en effet, que l’enfant ait 3h ou 10h, il a un temps d’AESHm. Donc la notification est respectée. Pourtant entre 3h et 10h il y a une énorme différence.
- Le temps d’AESHi temps plein sur temps de présence peut être occupé par 2 ou 3 personnes différentes sur la semaine. Les PIAL sont ainsi soulagés en termes de gestion RH : si l’accompagnement devient flexible à ce point, il est alors en effet plus simple de répartir les personnes en fonction de leurs disponibilités. Comment un enfant avec TSA peut-il s’y retrouver avec plusieurs AESH différentes sur une même semaine ?
Quelques conséquences du fractionnement, de l’éparpillement et de la diminution du temps d’accompagnement :
- Les AESH ont plus d’enfants à suivre : plus d’enfants signifie plus d’objectifs en tête, plus de supports à créer…
- Chaque enseignant doit se coordonner avec plusieurs AESH pour un même enfant,
- Les enfants doivent s’adapter à plusieurs personnes, susceptibles de changer d’une semaine sur l’autre, sans anticipation, sans préparation,
- Les familles ne sont pas informées des modalités de l’accompagnement et se retrouvent face à des interlocuteurs multiples.
Ces critiques ne concernent que très rarement les personnels de l’Education Nationale. Elles sont parfois également bien mises à mal par le système et ses vues « du dessus ».
Cette marche vers la mutualisation totale via les PIAL et les AESHm nous semble bien éloignée des besoins souvent constants de nos enfants avec TSA ;
Alors parents, redoublez de vigilance.